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LES CHRONIQUES IMPERTINENTES DE SYSSY
23 septembre 2010

Papy boom, baby boom, boom tout court

04A chaque époque correspond une génération. Avec ses codes et ses spécificités. Sociologiquement parlant, nous avons connu le baby boom qui se transforme logiquement en papy boom, synonyme également de déficit abyssal des fonds publics. C'est pas de leur faute non plus, si leurs parents ont tous forniqué comme des malades au même moment. Faut dire qu'après la guerre, fallait au moins ça pour panser les blessures. Et, comme ils disaient à ce moment là : "ça, c'est un truc que les Allemands n'auront pas." Mouais. Ca a fait un petit paquet de réacs, dans le lot, l'air de rien.....

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Ces mêmes baby boomers se sont très logiquement, reproduits à leur tour, et, depuis le merdier infernal de mai 1968, l'accélération  du monde a déjà créé trois nouvelles formes d'individus.

- les pauvrets nés entre 1969 et 1979 : une décennie qui, en plus d'avoir été sapée dans son enfance avec des fringues d'un goût immonde, a eu des pères qui se croyaient malins d'arborer des pattes en guise de barbe, et a du subir le spectacle de  mères affublées de pattes d'éph en lieu et place de futal. Je peux dire sans exagérer qu'elle est en train de déguster sévère, cette génération. Je le sais d'autant mieux que bingo, je suis en plein dedans.

Et je dis ça sans me sentir obligée de développer des arguments sur l'absurdité du monde dans lequel on vit, on est tous en immersion non stop dedans. Simplement, contrairement aux autres, -car nous ne sommes pas que des Caliméro métrosexuels-, on y laisse nos meilleures années. Je m'esssssplique, parce que je sens quand même certains froncer leur sourcil à la Emmanuel Chain : les boomers ont vécu leur jeunesse dans une certaine insouciance. Et mathématiquement, ils ont normalement plus vécu que ce qu'ils ne vivront encore,  à moins qu'un Docteur Maboule n'invente l'alicament permettant de vivre 20 ans de plus. Ce qui ne pourrait avoir un avenir commercial que si la retraite est repoussée à 80 ans. Donc, CQFD : le meilleur pour eux est derrière.

Ceux qui arrivent après n'ont encore pas vu grand chose de ce qui les attend, laissons leur découvrir les joies du monde cruel une fois qu'ils voleront de leurs propres ailes. Donc, je persiste et je signe : être né quelque part entre 1969 et 1979, c'était pas la meilleure idée qu'on ait eue.

- ceux nés entre 1980 et 1990

La génération Y, qui, trouvant déjà que le boulot est une sanction sévère, a vu d'entrée de jeu  la durée d'emprisonnement dans le piège aliénant de la productivité à tout prix,  s'assortir d'une peine de sûreté incompressible de 42 ans.  Sans compter comment leurs repères ont déjà bien pété, dès l'école. Ben oui, c'est ça d'envoyer les enseignants fraîchement sortis du Capès enseigner en ZEP.

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- ceux nés à partir de 1991 : les Digital Natives, enfants de la technologie, qui savent dire Google avant Papa- Maman

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En plus, il a fallu conjurer le sort, parce que l'appeler génération Z, c'était quelque part anticiper le fait que ce serait la dernière. En même temps, y a 26 lettres dans l'alphabet. Donc, même en imaginant que Y est pour Young en anglais (les théories sociologiques viennent toujours des anglo saxons. Les français sont plus spécialisés pour initier des grèves, en laissant au gagnant d'un chafoumi battle le choix de la date de l'action.), ils auraient pu choisir une autre lettre. Ché pas, moi. H comme Hopeless, par exemple. Ah, ça fait un peu redondant avec No Future ? Oui, sauf que là, c'est pas exclu qu'il y ait un fond de vérité. Je ne fais pas mon oiseau de mauvais augure, j'informe.

Bien. Ces postulats de base étant admis, qu'est ce qui les différencie, ces générations, indépendamment de leur écart d'age ? Lequel se voit de moins en moins, ceux qui passent le seuil des 50 berges  font pour la plupart beaucoup moins que leur age- à condition d'avoir eu une vie à peu près saine et un boulot qui ne consistait pas à porter huit tonnes de parpaings par jour. Et ceux qui font leur age ont recours au botox et liftings en tout genre, ce qui fait qu'on n'est plus tellement capable de donner son age à quelqu'un.

Ce qui les différencie, c'est ce qui a fait -et défait- leur époque. Comme je n'ai pas envie de tomber dans la thèse ennuyeuse, nous allons comparer quelques grandes lignes générationnelles et voir avec émerveillement comment, au final, tout s'est délité vitesse grand V.

Les progrès médicaux - mais surtout, les progrès microbiens et viraux

En 1960, on pouvait encore attraper la poliomyélite, le vaccin a éradiqué la maladie.

En 1990, le SIDA a commencé à faire une apparition remarquée. Tellement malin, le virus, qu'on n'a toujours pas trouvé le remède. La peste moderne. Qui a été attaquer le dernier bastion où il y avait encore un peu de liberté, le sexe. Quand je vous dis que les natifs des années 1970 ont chopé un pompon plein de mouise sur le manège de la vie, c'est pas des histoires. D'accord, tout le monde est concerné, mais c'est quand même eux qui ont subi le choc de passer de "au moins j'ai encore la baise" à "putain, comme le jambon et les antidépresseurs que je prends, même le cul, désormais, c'est sous blister, ou sous trithérapie".

Dans les années 2000, le dernier chic a consisté à attraper des maladies animales : grippe aviaire, tremblote du mouton, vache folle, grippe porcine. Quel sera le prochain à nous contaminer ? Bookmakez sur Bet.fr et choisissez la maladie star de 2011 : le miasme mutant trouvé sous le sabot d'un cheval, l'eczéma géant à pustules rouges et jaunes à petit pois, refilé par les iguanes domestiques, ou encore la pneumonie du bonobo, qui, comme l'herpès, est en chacun de nous mais qui va nous péter à la gueule cet hiver, comme ça, parce que je l'ai décidé.

Sinon, le SIDA est toujours là, mais  on peut difficilement vivre sans niquer. Ainsi, désormais :

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Oui, le progrès médical est décidément fabuleux et conscient des préoccupations prioritaires de santé publique. Quand on voit qu'à côté de ça, on finance la recherche par des appels aux dons, on se demande combien de politicards bandent mou pour que le lobbying soit aussi puissant sur le culte de la virilité retrouvée.

L'argent

Nos aînés ont connu tellement de sortes de monnaie qu'il est difficile de les dénombrer : tickets de rationnement, anciens francs, nouveaux francs, euros.... Au sein d'une même famille, on a beau dire, ça crée un malaise quand la grand mère dit à son petit fils : "De mon temps, une voiture, ça coûtait un million de centimes."  "T'as pris tes gouttes, mamie ?" est la seule réplique qui vient au freluquet, lequel a désormais comme seuls repères les abonnements Virgin Mobile à 19.99 euros, avec SMS illimités 24/24, - sauf s'il veut Captain Alerte en sonnerie sur son mobile, ou René la Taupe, il ajoutera deux fois 0.35 euros. Et qui est absolument convaincu que pour 29.99 euros, il a Free et qu'il a tout compris. A comment se faire entuber.

La bouffe

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Je ne dis pas que j'aurais apprécié de manger du topinambour ou du rutabaga, mais il n'empêche que les repas d'antan étaient un tout petit peu plus élaborés que maintenant.

D'accord, j'admets. Entre la junk food et la viande qu'on achète sans certitude qu'elle n'a pas subi un lavage à la Javel avant d'être remballée, on essaie de mettre un peu de bio dans nos frigos. Sauf que moi, je suis dubitative quand même sur l'absence de pluies acides et autres gaz d'échappement dans mon assiette, quand je vois un champ de patates au bord d'une route hyper fréquentée, et ce malgré le panneau affirmant : "Agriculteur militant, je cultive sans pesticides."

Parce que ce serait quand même un peu vite oublier les méfaits du nuage de Tchernobyl. Celui qui a osé prétendre que ce condensé de radiations avait contourné la France par égard aux relations diplomatiques entre les deux pays s'est quand même drôlement foutu de notre gueule. Et que oui, vous pouvez voir un lien de cause à effet entre cette merde nucléaire et  la taille anormalement spectaculaire des tomates que vous faites pousser sur votre lopin de 5 m², au coeur de votre lotissement propret. Non, une tomate de 3 kilos, ce n'est pas un don de la nature. C'est soit un légume handicapé, soit un OGM.

Nous allons terminer cette chronique sur une note pas tellement plus encourageante que le reste.

Le travail

En 1960, tu voulais dire merde à ton patron, tu pouvais. Le lendemain, t'avais un autre taf, comme ça, juste en pointant ton museau parce que tu avais vu de la lumière.

En 1990, première bonne crise de l'emploi. Même si on t'avait seriné qu'avec tes super études, t'allais avoir un poste du feu de Dieu avec un salaire mirobolant (10000 balles de l'époque), la plupart en a déjà gravement chié pour trouver un premier poste, généralement payé au SMIC.

Maintenant, tu veux un boulot, ben tu vas brûler des cierges ou tu fais commercial. Les boîtes cherchent que ça, des commerciaux, et chouinent de pas en trouver. En même temps, le porte à porte avec un fixe inférieur au RSA, pour vendre des trucs dont personne n'a besoin, sans compter que le pouvoir d'achat des Français est aussi sec qu'un coup de trique, vas y Frankie, c'est bon. Alors, toutes générations confondues, solidaires dans cette crise de l'emploi sans précédent depuis la dernière guerre, chacun occupe son temps comme il peut. Le papy boomer qu'a pas suffisamment cotisé, sous son appelation de Senior, alterne Lexomil et Viagra. Le quadra (encore lui), victime du séisme de 2008, réseaute socialement sur Internet pour valoriser son savoir faire inégalable, ce qui ne sert strictement à rien mais occupe ses journées. Quant au jeune qui arrive sur le marché du travail, entre deux envois de CV vide de contenu - en même temps, on ne peut pas avoir 22 ans et être ce vieux singe à qui on n'apprend pas à faire des grimaces- il joue à poker des virtual friends sur Face Book ou à faire des strikes sur un bowling imaginaire où les quilles sont des Lapins Crétins, sur son I Phone.

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Il est préférable, pour ne pas vous faire attraper une sciatique de la bonne humeur,  de ne pas imaginer l'avenir de ceux qui sont nés il y a peu, en cours de gestation dans le ventre de leur mère, ou encore à l'état de projet dans les testicules de papa.

Je concluerai donc ainsi, avant qu'une larmichette, née de votre soudaine conscience de la tristesse de la life, ne vienne embuer le coin de vos noeils : vivez intensément chaque journée, car ce qui est pris est pris.

Amicalement Votre

Syssy

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  • L'actualité passée au crible et commentée, des réponses toutes personnelles à des questions existentielles, les questions que personne ne se pose, des zooms sur la vie contemporaine et ses absurdités. La vie, quoi !
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